"Photographe, c’est en peintre qu’elle poursuit ses chimères. Il y a bien sûr les mystères de sa terre provençale, plus étrange, plus chargée d’histoire et de magie qu’il peut y paraître sous le soleil trompeur du Midi. Il y a aussi les voyages, les plaines infinies d’une Sibérie improbable. Un pont de bois fragile, une grève, l’éclat de quelques vitres éclairées au lointain : devant telle image venue du Nord, on songe au prince des ténèbres : « Dès qu’il eût franchi le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre… ». Mais en réalité, il y a aussi beaucoup de douceur, presque de la bienveillance dans les paysages d’Agnès. Ce qui n’est pas le moindre des paradoxes de cette artiste qui peint les anges comme Botticelli les femmes. Flaques de corps laiteux, longues chevelures dénouées, ailes apaisantes, formes abandonnées parfois contredites par le visage ambigu d’un ange capuchonné guetté par le tourment, les créatures d’Agnès, comme ses paysages, parlent de ciel et d’ombre. Mais ses crépuscules sont toujours inondés de lumière. Et tout chez elle, le sable et l’eau, l’ocre et le bleu, le bois, la terre, les corps, la nature elle-même, tout chez elle sécrète une sorte de plénitude. Une plénitude conquise et sans cesse à reconquérir, un travail, un état, un secret. Le secret bien gardé d’Agnès, la plasticienne des anges."
Chantal Aubry
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